La Clusaz fait figure de référence dans « la montagne de demain »

16 août 2021
La Clusaz fait figure de référence dans « la montagne de demain »

La commune de la Clusaz, qui compte près de 1700 habitants, fait partie des territoires de montagne ayant amorcé un plan global autour de la transition quatre saisons. Elle s’appuie notamment sur une vision nouvelle de l’aménagement du territoire qui préserve son authenticité (refus d’extension du domaine skiable, opposition à la construction d’un village club…).
Le déploiement du projet « LA CLUSAZ TRANSITION » présente un plan sur 30 ans et prend en compte l’évolution du climat, ses enjeux et l’obligation pour les territoires de montagne comme La Clusaz de s’adapter et d’évoluer. Parmi les mesures proposées, l’une d’entre elles consiste à sécuriser l’accès à l’eau potable, véritable enjeu pour la consommation humaine, l’usage agricole et pour maintenir l’activité ski existante.

La solution envisagée - votée le 29 avril dernier en conseil municipal - est la création d’un bassin d’altitude sur le site de La Colombière, pour préserver l’approvisionnement du village en eau, selon l’avis de multiples experts sollicités. Ce bassin, dont la spécificité est d’avoir une triple utilité (humaine, agricole et pour la transition), a suscité des interrogations, ce qui est naturel au vu de la complexité du sujet.
Alors, au-delà des avis des chercheurs, des spécialistes, des élus ou de l’équipe municipale, trois voix cluses apportent aujourd’hui un éclaircissement à propos des enjeux de la construction du bassin d’altitude de la Colombière sur l’évolution de l’activité professionnelle montagnarde et la vie du village.

POUR LA CONSOMMATION HUMAINE

Le manque d’eau en période de sécheresse est un enjeu, aujourd’hui et surtout demain, au vu des changements climatiques.
Un citoyen du village : Hubert Mermillod, explique comment il perçoit ce phénomène et pourquoi le bassin de la Colombière est à ses yeux une bonne solution.

« Né à La Clusaz il y a 78 ans, j’ai passé toute ma vie dans mon village. J’ai été commerçant pendant 32 ans et la vie de la communauté m’a toujours intéressé. C’est donc logiquement que je me suis engagé pour La Clusaz sur plusieurs fronts. À la fois en tant qu’élu à la Chambre de commerce, puis au sein de l’Office du Tourisme et en tant qu’élu en qualité d’adjoint au Maire.
Le problème de l’eau à La Clusaz ne date pas d’hier. Pendant de nombreuses années, nous devions couper l’eau la nuit. De 1983 à 1989, c’était déjà notre priorité : trouver de l’eau ! À l’époque déjà, nous avions engagé des sourciers pour rechercher de l’eau, sans succès. Plus récemment, nous avons connu deux années de sécheresse… Il est primordial de trouver des solutions : si nous n’agissons pas, nous aurons de nouveau des carences en eau. C’est pour cela que ce bassin d’altitude de la Colombière est indispensable.
J’ai pu suivre le Conseil Municipal le 29 avril quand la construction de cette retenue a été votée. J’étais d’accord, tout comme la quasi-totalité des élus présents. Je peux assurer que, dans l’ensemble, les habitants de La Clusaz sont favorables à la construction du bassin d’altitude de la Colombière. Ils sont concernés par cette problématique depuis de longues années et en connaissent les enjeux. Ils ont étudié la question et fait appel à de nombreux experts.
J’entends les voix des opposants, mais j’avoue ne pas comprendre leurs motivations. Ce site est indispensable pour le village et son avenir. Il ne va pas dénaturer le paysage : au contraire, il y sera très bien intégré. Je sais de quoi je parle : je passe très souvent en vélo à proximité de ce site dévasté par la tempête de 1999.
Je conclurai par cette phrase toute simple, mais très claire : l’eau c’est la vie, sans elle, il n’y a plus de vie !
 »

POUR L’USAGE AGRICOLE

L’une des AOP les plus populaires de France, le Reblochon est une véritable tradition et une grande fierté pour les exploitants agricoles du village. Outre les vaches laitières et la fabrication de ce fromage emblématique, toute la filière agricole de La Clusaz (chèvres, moutons...) contribue au dynamisme du marché de l’emploi dans plusieurs secteurs (commerces, tourisme) et participe aussi à la préservation des paysages : le pastoralisme, très présent sur le territoire, permet d’assurer la bonne santé des terres. En vivant six mois de l’année en alpages, les bêtes stimulent la vie biologique des sols et permettent une hausse de la production végétale. Il est donc primordial de conserver ce pastoralisme.
Le manque d’eau en alpages a un impact direct sur la productivité du secteur agricole, et donc, sur tout l’écosystème économique du village et ceux qui en dépendent.
Yvan Donzel, producteur de Reblochon, Président du syndicat des agriculteurs de La Clusaz s’exprime sur cet enjeu.

« Agriculteur à La Clusaz, j’ai repris la ferme de mes parents avec mon frère et ma femme. Depuis plus de 60 ans, nos 50 vaches laitières produisent le lait indispensable à la fabrication du célèbre Reblochon.
Depuis 3 ans, je suis Président du syndicat des agriculteurs de la Clusaz et représente les intérêts des exploitations qui travaillent sur le territoire. Le projet du bassin d’altitude de la Colombière, proposé par la Mairie de La Clusaz m’a forcément interpellé et je m’y suis intéressé de près, afin d’en appréhender les impacts sur notre profession.
Actuellement, il n’y a pas de réseau d’eau potable à La Clusaz à proximité des alpages et sur lequel nous pourrions nous raccorder directement. Nous manquons régulièrement d’eau pour nos bêtes, et ce fut le cas notamment lors des 2 années de sécheresse de 2003 et 2018. Nous faisons alors appel aux pompiers qui nous montent de l’eau pompée dans divers lacs ou rivières.
Nous devons la traiter aux lampes à UV avant de la donner à boire aux vaches.
Le bassin d’altitude de La Colombière répond à nos besoins : elle deviendrait notre principale source d’eau potable, au plus proche de nos alpages, c’est une vraie solution pour nos bêtes et pour l’avenir de notre profession et de notre appellation.
Enfin, concernant l’emplacement, il n’y aura pas d’impact sur les terrains agricoles, elle ne touche aucune « belle parcelle agricole » et prendra place sur un terrain qui a été dévasté par la tempête de 1999.
 »

POUR LA TRANSITION 4 SAISONS

Le bassin d’altitude de la Colombière va également maintenir l’activité ski existante, principale source de revenus pour les 30 prochaines années, ce qui permettra d’assurer une transition progressive vers un modèle “4 saisons”. Chaque acteur des territoires de montagne devra trouver et façonner son propre modèle. La Clusaz est en train d’écrire le sien, avec le projet de la Colombière. L’acteur majeur de ce projet est la société des remontées mécaniques de La Clusaz (SATELC). Déjà actif et innovant depuis quelques années, Jean-Christophe HOFF, directeur de la SATELC, co-organisateur des états généraux de la transition touristique en montagne dans les Aravis, s’exprime sur le plan d’action mis en place pour amorcer et réussir cette transition sur des dizaines d’années.

« Entre 2020 et 2050, nous allons exploiter l’activité ski existante, car c’est le ski qui va financer la diversification et la transition de demain. Mais tous les 5 ans, sur une période de 30 ans, nous allons doubler l’activité hors ski en parallèle pour être totalement indépendants du ski à l’horizon 2050.
Notre diversication, au-delà de notre activité ski, prendra au moins 3 directions :
- Le développement des activités ludiques hors ski et 4 saisons (VTT, luge, tyrolienne…)
- La valorisation du patrimoine humain, bâti, naturel et culturel autour d’une série d’expériences, tout en insistant sur l’authenticité et les interactions entre vacanciers et habitants.
- La recherche, en dehors du périmètre de La Clusaz, de nouvelles activités touristiques ou/et industrielles qui sont les socles de nos savoir-faire.

La SATELC (Société d’Aménagement Touristique d’Exploitation de La Clusaz), en tant que moteur économique du village et en corrélation avec la Mairie a adopté une vraie « feuille de route » pour limiter son impact carbone. Nous mettons en place, depuis de nombreuses années, des actions concrètes pour accompagner la transition environnementale et le développement durable (chauffage des bâtiments en géothermie et en pompe à chaleur, formation à l’éco-conduite des conducteurs de dameuses, dameuses hybrides, véhicules électriques, baisse des consommations...).

La SATELC utilise aussi uniquement des énergies 100% renouvelables et locales, puisqu’elles proviennent du barrage de Seyssel, en Haute-Savoie.
La Clusaz fait figure de référence dans « la montagne de demain ». C’est toutes ces actions et décisions que je présenterai lors du Comité des Aravis des États Généraux de la transition touristique en montagne.
Les 23 et 24 septembre prochains, tous les acteurs de la montagne et en particulier ceux des Aravis (élus, commerçants, moniteurs, citoyens…) vont se rassembler et travailler collectivement pour définir les enjeux et les problématiques de la transition touristique et trouver des solutions d’avenir, ensemble
."

Ces États Généraux de la transition touristique en montagne sont portés par Mountain Wilderness France. Elle fait partie des associations que le Maire a souhaité rencontrer pour expliquer le projet du bassin de la Colombière.
La prochaine étape pour la commune et le projet d’aménagement de la retenue d’altitude de la Colombière sera l’enquête publique, réalisée du 16 août au 20 septembre inclus.
Pour plus d’informations sur le projet LA CLUSAZ TRANSITION, rendez-vous sur le site : https://laclusaztransition.org

A propos du BASSIN D’ALTITUDE DE LA COLOMBIÈRE

POURQUOI CE BESOIN EN EAU ?
Du fait de leur géologie, les terrains à La Clusaz ne retiennent que faiblement l’eau. L’approvisionnement de l’eau sur la commune est trop instable d’après de nombreuses études : il faut donc assurer à long terme l’accès à l’eau, pour tous.

QUELLE EST LA SOLUTION ?
La solution est de stocker l’eau via la création d’un bassin d’altitude de 148.000 m3 qui pourront être mobilisés intégralement pour l’eau potable en cas de situation exceptionnelle.

NE POURRAIT-ON PAS AGRANDIR LES RETENUES EXISTANTES POUR RÉPONDRE À CET ENJEU ?

La future retenue doit - parmi toutes les normes exigées par l’Agence Régionale de Santé et les critères requis pour le projet - être exclusivement alimentée avec l’eau captée et autorisée pour l’alimentation en eau potable de la commune : les autres retenues (toutes reliées entre elles) ne répondent pas à ce critère précis. Et les capacités d’extension des retenues existantes ne couvriraient qu’un tiers des besoins.

POURRAIT-ON CAPTER D’AUTRES SOURCES POUR RÉPONDRE AU BESOIN EN EAU ?
Les experts ont confirmé l’absence de nouvelles ressources suffisantes à La Clusaz, que ce soit en nappe souterraine - notamment au Bossonnet - ou en source superficielle (à l’air libre). Certes, il existe d’autres sources, mais pas en quantité et qualité suffisantes pour répondre aux besoins et à l’enjeu de l’eau pour l’avenir de la commune. Et l’approvisionnement en eau est trop instable : de par leur géologie, les sols à La Clusaz ne retiennent que faiblement l’eau.

LA RETENUE N’EST-ELLE PAS SITUÉE SUR UNE ZONE NATURA 2000 ?
Non, elle n’est pas située sur la zone Natura 2000, il n’y a pas de lien entre le projet et la tourbière de Beauregard et elle ne détruira pas les alpages ou le plateau de Beauregard.

QUELS SERONT LES UTILITÉS DU BASSIN D’ALTITUDE DE LA COLOMBIÈRE ?
Il aura une triple utilité.
Pérenniser l’approvisionnement en eau :
- pour la consommation humaine,
- pour l’usage agricole,
- permettre de maintenir l’activité ski existante et engager une transition progressive de notre modèle économique.

POURQUOI MAINTENIR L’ACTIVITÉ SKI EXISTANTE ?
C’est le ski qui permettra le financement de la transition économique et touristique, indispensable à l’adaptation de La Clusaz au changement climatique.